Un massacre, une boucherie, une humiliation, un carnage, une exécution publique, voici quelques mots que l'on pourrait utiliser pour qualifier cette finale. Une finale, ou plutôt une non-finale, qui a accouché d'une souris et d'un tout petit spectacle. On attendait tellement de ce match qu'on est vraiment restés sur notre faim, déçus et dégoûtés pour Stan dont on espérait un miracle, et presque aussi déçus pour Nadal qui – pour cette fameuse decima – aurait mérité un duel à la hauteur de l'événement. Mais voilà, le taureau de Manacor a évolué sur une autre planète durant toute cette quinzaine et même le plus grand Wawrinka de tous les temps, loin du fantôme qui était aujourd'hui sur le court, n'aurait rien pu faire. Peut-être un set, ou deux sur un malentendu, mais il aurait fini par se faire bouffer par cette véritable machine à gagner. A massacrer.
A l'image du FC Sion en Coupe de Suisse, notre Stan national n'est donc plus invincible en finale de Grand Chelem. Il a pris aujourd'hui une gifle monumentale et jamais, ô grand jamais, on a eu l'impression qu'il aurait pu inverser la tendance. Ce Nadal-là a dégagé une telle sensation de supériorité, trouvant des angles impossibles et ramenant toutes les balles comme un meurt-de-faim, qu'il aurait pu gagner cette rencontre avec des chaussures de ski, une raquette en bois et un oeil bandé. Impressionnant.
Il convient aujourd'hui de saluer l'exploit hors norme réalisé par Popeye, lequel vient de signer un record qui n'est pas près de tomber : s'offrir dix fois (!) le même tournoi du Grand Chelem. Rodgeur n'y arrivera certainement pas, Djokobite non plus, bref, celui qui sera capable de chatouiller ce record n'est probablement pas encore né. Et cette série pourrait bien continuer à gonfler, tant le Majorquin semble encore loin, mais alors très loin d'être rassasié...
Autant l'avouer, ce retour en force du monstre des Baléares fait peur et, alors qu'on s'était un peu délecté de ses malheurs ces deux dernières saisons, avec quelques éliminations ubuesques ici ou là, notre pire cauchemar revient hanter nos nuits et nos dimanches. Avec quinze Majeurs dans son escarcelle, la Momie revient à trois longueurs de Rodgeur et dépasse un certain Pete Sampras dans les livres d'histoire. La marge du Maître est encore confortable, mais ce dernier recommence à apercevoir la tête toute dégoulinante et pleine d'implants de son meilleur ennemi dans le rétroviseur...
Allez les amis, on est finalement bien contents que cette (trop) longue saison sur terre battue touche à sa fin et de retrouver ce bon vieux gazon. Bravo à Rafa, Monsieur Decima, et merci au gamin qui nous aura quand même offert le plus beau match de cette quinzaine, voire même de ces quatre derniers mois. On espère le revoir en pleine forme à Wimbledon, accompagné bien sûr d'un Rodg qui nous a terriblement manqué !