12.2.12

Le rendez-vous manqué...

La donne était simple : après 15 rendez-vous manqués, 5 ou 6 infidélités remarquées et 2-3 pannes, l’équipe de Suisse de Coupe Davis devait reconquérir le coeur de son public. A la maison, face à une adversité toute mesurée, l’histoire était écrite comme dans les plus beaux contes de fée. Tout devait rentrer dans l’ordre. En un mot comme en mille, c’était goal avant le dessert avec une séance de gymnastique inoubliable digne des plus belles pages du Kama Sutra !

Le problème, c’est que quand t’es le casanova du pauvre, que tes tuyaux sont percés et tes méthodes dépassées, et que tu débarques avec la confiance de Rocco Siffredi, il y a des chances que la petite d’en face, si conne et amoureuse soit-elle, te pète entre les mains. Ça n’a pas manqué, en trois plats, avant même la viande, la petite nous a tiré son verre à la gueule avant de s’en aller en claquant la porte. Brecouilles, on peine à comprendre, même si honnêtement, dans ce rendez-vous manqué tout était fait pour que ça parte en sucette.

Pour commencer, le meilleur pote en charge de l’organisation est un beauf. Ça fait des ans qu’il te montre qu’il ne sert à rien, mais il te fait tellement de peine que tu t’y accroches. On peut s’emporter contre les organisateurs, la bande de clowns dégénérés qui ont réalisé la «terre battue» de Fribourg (aussi rapide que du Taraflex, avec autant de faux rebonds qu’un terrain de rugby). Mais on ne dédouanera pas non plus Séverin Lüthi. Parce qu’avant d’asseoir sa transparence sur le banc des joueurs, c’est à lui qu’incombe la charge de l’organisation technique et sportive de la rencontre. On ne lui demande pas de contrôler les chiottes handicapées de tout le complexe, mais si le capitaine ne contrôle et ne corrige pas l’exécution des travaux du terrain, à quoi sert-il ?

Et la préparation sportive ? Un sketch, ni plus ni moins. Qu’a-t-on pu entendre durant la semaine précédant la rencontre ? «J’ai les crocs, ça fait trois jours qu’on bosse avec le Rodg, j’ai hâte de bouffer ces Ricains...» Non bien entendu. On a plutôt eu droit à du «nous sommes favoris» à «on se sent bien, tranquille» en passant par «j’en ai profité pour tourner un ou deux clips vidéos». Bref, nos deux joueurs ont étalé tous leurs soucis quant à la Coupe Davis et présenté un degré de préparation proche du zéro.

Deux joueurs qui sont apparus aussi combatifs et volontaires qu’un prisonnier de Guantanamo après 10 ans de bagne. Perdre n’est pas un problème en soi, surtout en 5 sets, mais ne pas réagir, subir les événements jusqu’à se faire piétiner sans même relever la tête est d’un mauvais goût certain. Et le double de samedi est d’une criante réalité. Un match de Coupe Davis est un combat. Mental, physique et technique. Wawrinka et Federer ont failli sur toute la ligne. On peut avoir les meilleures conditions possibles, les meilleurs potes, mais un mental défaillant et une volonté chancelante se paient toujours cash, surtout en tennis. La claque est donc justifiée et rien n
’excusera la performance ridicule de nos deux joueurs.

En synthèse, de la préparation aux matches, nous avons pris cette rencontre contre les Etats-Unis comme un match de gala, comme si on organisait une foire à la choucroute pour Duduche, Rémy et Clotilde. Moyennant trois autographes et quelques sourires, l’affaire était réglée. L’équipe américaine en trois matches nous a mis face à notre triste réalité : nous n’étions ni prêts, ni préparés. C’est le sort prévisible pour une bande de semi-touristes, sans âme ni guerriers.

Bref, ce à quoi nous avons assisté en deux jours à Fribourg est un scandale. Une déception dramatique de plus dans le sport suisse. Nous avons été mauvais et hors sujet sur tous les fronts. Des milliers de Suisses rêvent de Saladier d
’Argent, de grandes campagnes et de victoires historiques. La réponse est cinglante : ce n’est malheureusement le rêve que du public. Je le répète depuis quelques années, cette équipe sans projet ni ambition va droit dans le mur. De défaites en misères, nous avons végété dans le groupe mondial avant d’être relégué honteusement. Nous avons finalement retrouvé le groupe mondial pour se laver lamentablement face aux Etats-Unis. Pathétique !

Au vu de ce à quoi nous avons assisté ce week-end, la saison s’annonce difficile. Toutefois, on aime trop le tennis, Rodgeur et Stan pour ne pas souhaiter qu’ils retrouvent la forme et nous redonnent un peu de couleurs. Mais à force de rendez-vous manqués, ils nous excuseront de trouver que le costume qu’ils ont volontairement endossé ce week-end était moche, nul et peu respectueux. Rideau.

6.2.12

Le chemin est encore long...

Bon, étant donné l’actualité tennistique aussi vide que les poches de Majid Pishyar, permets-moi de remettre quelques pendules à l’heure suite aux discussions qui ont eu lieu dans les commentaires... Qu’on se le dise et le répète, Roger Federer est aujourd’hui le meilleur joueur de tous les temps. Le tennis vit tellement des statistiques, qu'elles sont en ce sens le seul et unique juge de paix. Et à ce titre, une statistique surclasse toutes les autres : les victoires en Grand Chelem.

Dès lors, quand Popeye et le coton-tige auront gagné plus de 16 Majeurs, les petits vexés pourront venir faire part de leur agacement quant à mon entêtement à prétendre que Roger est le meilleur joueur de tous les temps. Et si honnêtement, je comprends votre jouissance face aux victoires de vos protégés sur le Maître, elles ne sont à ce jour que de petits cris de pucelles mal démontées.

Alors sérieux, que peut prétendre à ce titre le brave Djokovic du haut de ses 5 titres ? Je connais quelques hystériques à peine formées de Rafa qui nous ont aussi allègrement cassé les couilles en prétendant que ce dernier rejoindrait Rodgeur, bien avant ses 25 ans... Des blessures à répétition et l’avènement de Djokoboss les ont gentiment calmées. Concernant Djoko, ça devrait au moins servir de leçon et permettre à n’importe quel cerveau pour le moins constitué jusqu’à la moitié de prendre un peu de recul face à ce qu’il réalise aujourd’hui et ce qu’il doit encore réaliser pour égaler, voire dépasser le Maître.

Et puisque l’excitation vous fait perdre toute notion, je vous invite à réaliser que si Nadal mène le bal face à Rodgeur au niveau du nombre de victoires sur l’ensemble des matches joués (il est d’ailleurs sa bête noire), le Bâlois mène toujours face à Djokotruite. Ce qui nous offre aujourd’hui des combats de fous qui résultent d’une triangulation jusque-là inconnue dans le tennis professionnel.

Et je me permettrais encore de parler de jeu. Moi qui ai fracassé des premières balles et tourner autour de mon revers pendant plus de 15 ans, je vais vous le dire comme je le pense, on peut aimer ou pas, mais le style appartient à chacun et croyez-moi que le propriétaire de ce dernier se branle catégoriquement des désidératas de la vox populi, ce qui compte avant tout c’est le résultat. Donc, il y a des choses que l’on n
enlèvera jamais à Roger, l’élégance, la facilité et la palette astronomique de coups qu’il peut développer. Comme le physique et le lift de Nadal, comme le revers et les retours de Djoko, on touche au stratosphérique, à la beauté, l’efficacité du geste et de l’effort. Quant à ceux qui prétendent que Roger est un naze à la volée, j'aimerais avoir votre adresse pour venir tous les matins vous tirer la gifle que vous méritez...

Tout ça pour dire que tout ce que Federer a fait, fait ou fera n’enlève bien évidemment rien au tennis hallucinant que Djoko et Nadal développent depuis quelque temps. Mais, avant de vous prendre le chou sur la suprématie du Bâlois sur l’histoire du tennis, profitez simplement et pleinement de ce que Roger, Rafa et Nole nous offrent aujourd’hui. Parce qu’honnêtement, ce que vit le tennis en ce moment est du jamais vu, avec trois mecs aux trois premières places qui ont gagné 31 (!) tournois du Grand Chelem. Un truc unique dans l’histoire de ce jeu, un peu comme si l’Argentine de Maradona, le Brésil de Pelé et l’Allemagne de Beckenbauer s’étaient retrouvés dans le même tournoi, la même année !

En conclusion, chers ados du tennis, avec vos cinq poils sur le torse et votre barbe en poils de cul, continuez de vous exciter devant YouPorn et n’oubliez surtout pas de vous laver le visage chaque matin au Clearasil. Et si un jour, Djoko et Nadal vous emmènent jouir dans les plus beaux bordels de Moscou et Las Vegas, profitez-en. Ça doit bien faire quelques années qu’on dépoussière les places de Borg, Connors et Lendl et que les places VIP nous sont réservées. Je peux même vous dire que c’est pas mal ! Mais rappelez-vous simplement que le chemin est encore long...